Jeudi 5 décembre

L'ONG Amnesty international vient de publier un rapport de trois cents pages où elle accuse Israël d’avoir commis un « génocide » contre le peuple palestinien à Gaza. Le document se base sur un examen approfondi des opérations militaires menées entre octobre 2023 et juillet 2024. La Convention de 1948 sur le génocide stipule que les faits de génocide sont constitués quand les crimes s’avèrent commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». Selon Amnesty international, la qualification de « génocide » est justifiée par l’intention délibérée d'anéantir les Palestiniens de Gaza, qui constituent 40 % de la population palestinienne vivant sous l’autorité israélienne. Amnesty international estime que Tsahal s’est rendu coupable de trois des cinq actes interdits par la Convention de 1948 : il a commis des « meurtres » et des « atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale », de même qu'il a imposé aux habitants de Gaza « des conditions de vie destructrices » à travers la restriction de l’aide humanitaire et la dégradation systématique des infrastructures essentielles. 

Pour parvenir à ses conclusions, l’ONG explique qu’elle s’est fondée sur les récits de deux cent douze personnes victimes et témoins, sur des entretiens avec des professionnels de santé et des acteurs humanitaires, sur des preuves visuelles et numériques (vidéos et photos, réseaux sociaux), à quoi s’ajoute l’analyse des discours d’officiels israéliens, en particulier vingt-deux déclarations de hauts responsables qui justifient des actes génocidaires. Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG et professeure à l'université Columbia, se défend de tout parti pris politique. « Mois après mois, dit-elle, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe sous-humain, indigne des droits humains et de leur dignité, démontrant ainsi son intention de les détruire physiquement. »

Les responsables israéliens contesteront sans doute le terme de « génocide », mais ils ne pourront pas contester la réalité des crimes de guerre commis contre la population civile palestinienne, dont plusieurs dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles un très grand nombre d'enfants, ont été tuées en connaissance de cause. Ils ne pourront pas contester les plus de cent mille blessés, ni le saccage du territoire, ni les privations de nourriture, d’eau, d’électricité, de logement, d’installations sanitaires, de gaz, de carburant, de matériel médical. Les mots sont contestables, en particulier ceux qui charrient des horreurs actées par l’histoire, mais les faits, eux, vus, enregistrés, documentés, ne peuvent pas être contestés. Netanyahou devra en répondre, comme tous les gouvernements qui, à un titre ou à un autre, l’ont soutenu dans son entreprise. La puissance militaire, l'hégémonie politique et la manipulation médiatique peuvent imposer le silence un temps. Elles ne peuvent pas étouffer la vérité tout le temps.