Mercredi
4 décembre
Gur Kehati est un sous-officier de Tsahal.
Il a vingt ans et toute la vie devant lui. Le 20 novembre dernier, son
commandant lui ordonne d’accompagner un civil israélien dans le village libanais
de Chamaa, non loin de la frontière. Le civil en question se nomme Zeev Erlich.
Il s’agit d’un colon septuagénaire de Cisjordanie, historien et archéologue, dont
le travail idéologiquement orienté consiste à chercher les traces de la
présence juive à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, pour donner une légitimité historique
à l’expansionnisme défendu par l’extrême droite israélienne.
Le cas de Zeev Erlich illustre la contamination de l’armée israélienne par le sionisme radical. C’est du moins ce que pense le général à la retraite Assaf Agmon, grand-père du jeune sous-officier mort aux côtés de Zeev Erlich. Assaf Agmon accuse l’armée d’avoir tué son petit-fils « pour rien ». Il accuse Netanyahou de céder aux exigences de l’extrême droite israélienne qui a « gangrené » Tsahal avec son idéologie de « conquête territoriale ». Et il ajoute : « Netanyahou commet des crimes de guerre en sacrifiant des vies humaines sur l’autel de son agenda politique. »
Assaf Agmon et moi n’appartenons pas au même camp. Des montagnes de ruines, des rivières de sang et soixante-seize ans de confrontations nous séparent. Mais quand je lis ses propos, quand je l'écoute prononcer l’oraison funèbre de son petit-fils, je constate que nous partageons la même lecture des événements. Mon ennemi n’est pas celui qui dénonce la guerre menée à Gaza et au Liban. Mon ennemi est celui qui l’entretient avec cynisme pour servir ses propres objectifs.