Mercredi
27 novembre
Hier, en ramenant R. de l’école, je lui ai
annoncé que la guerre était sur le point de s’achever. Sa réaction m’a surpris,
non par sa nature, mais par son intensité : il m’a fait un large sourire
et s’est livré à une danse festive avec force bonds et "youpi !". C’est dire ce
qu’il avait emmagasiné comme craintes et terreurs sans toujours les verbaliser.
Le cessez-le-feu est entré en vigueur à
quatre heures ce matin. Il nous reste à espérer que les deux parties
respecteront leurs engagements et que la frontière terrestre sera
définitivement tracée pour éviter tout motif de conflit à l’avenir. On espère aussi
que le calvaire de Gaza se terminera bientôt et que le pouvoir israélien renoncera
enfin à sa politique de déni envers le peuple palestinien. Beaucoup d’espoirs bâtis
sur une joie minuscule en ce matin frisquet de novembre.
Le Liban doit à présent panser ses nombreuses plaies : il y a aujourd’hui des milliers de familles endeuillées, des dizaines de milliers de blessés, des villages entiers nivelés au sol, une quantité incalculable d’habitations détruites. Il y a également des plaies moins visibles, des cœurs dans la brume, des âmes en morceaux, des souffles raccourcis, des corps à la traîne. Il faudra du temps, beaucoup de temps, pour que le Liban se remette de ce nouvel ouragan.