Vendredi
20 décembre
Après Amnesty international, Human Rights Watch et Médecins sans frontières accusent Israël de commettre des actes de nature génocidaire. HRW a rédigé un rapport de deux cents pages où il dénonce les conditions de vie créées « délibérément » par l’armée d’occupation, cela dans le but de « causer la destruction d’une partie de la population de Gaza ». Pour sa part, le secrétaire général de Médecins sans frontières, M. Christopher Lockyear, s’appuie sur un rapport de trente pages établi par son organisation pour affirmer que « les signes de nettoyage ethnique et la destruction en cours – incluant les massacres, les blessures physiques et psychologiques graves, les déplacements forcés et les conditions de vie impossibles pour les Palestiniens assiégés et bombardés – sont indéniables. » Indéniables, et pourtant niés fermement par les principaux concernés. Le ministère des Affaires étrangères israélien a qualifié de « totalement fallacieux et trompeur » le rapport de MSF et de « mensonges éhontés » celui de HRW. De son côté, Tsahal assure « porter une attention spéciale à la prise en compte des besoins humanitaires de la population civile de Gaza, en particulier en ce qui concerne l’hygiène, l’assainissement et l’approvisionnement en eau ».
Ce qui se profile derrière les accusations des ONG et la ligne de défense adoptée par Israël, c’est la bataille de la communication qui a commencé dès le premier jour et qui est appelée à s’accroître après la fin de la guerre. L’État hébreu cherche à instiller son point de vue dans les médias internationaux comme il a imposé sa volonté sur le terrain, et il ne manque ni d’appuis ni de ressources pour ce faire. À l’inverse, les ONG et les organismes internationaux s’évertuent à démontrer la véracité de leurs assertions sur les crimes de guerre commis à Gaza. L’enjeu est grave. Au-delà d’Israël et de la Palestine, il concerne l’humanité entière : il s’agit de savoir si les criminels pourront, oui ou non, échapper à leurs responsabilités face à l’histoire. Il s’agit de savoir si le négationnisme peut, oui ou non, effacer le martyre de dizaines de milliers de civils, dont une grande partie de femmes et d’enfants morts dans des conditions atroces, et la destruction de tout un territoire. Il s’agit de savoir, enfin, jusqu’où on peut aller dans le massacre des innocents sans recevoir de sanctions pour ses crimes.