Silence, on tue !

Une femme de vingt et un ans a été tuée de manière atroce en octobre dernier : son mari l’avait ébouillantée avec de l’huile. Une photo de la malheureuse, prise sur son lit d’hôpital peu avant sa mort, la montrait totalement couverte de pansements, une momie blanche où l’on devinait, çà et là, quelques morceaux de chair violacée et tuméfiée.

Cet homicide, comme tous les féminicides, aurait pu être évité si la justice et la société n’avaient pas failli à leurs devoirs. Et quelle faillite ! L'épouse ébouillantée était loin d'être la seule victime de l'individu ; il avait été marié et divorcé deux fois avant elle. Sa première femme vient de faire une déposition glaçante, où elle raconte les tortures qu’elle subissait : son mari la battait férocement, attachait ses mains avec un câble électrique, lui donnait des coups de marteau sur les jambes, introduisait des aiguilles sous ses ongles, l’électrocutait à lui faire perdre connaissance, après quoi il la réveillait avec un seau d’eau froide. La deuxième épouse décrit d’autres actes de barbarie : des coups de poing sur le visage, la tête cognée contre le mur, des entailles au couteau sur le corps, et cela dès le premier jour de mariage, qui a duré un seul mois. Quant à la troisième femme, la brûlée vive, les enfants du bourreau, qui vivaient sous le même toit que le couple, racontent les scènes d’horreur auxquelles leur père les obligeait à assister : il dénudait sa femme, la bâillonnait pour l’empêcher de crier et, après lui avoir entravé les mains et les pieds, il la battait, la fouettait, l’électrocutait, l’ébouillantait, la brûlait avec de la braise, la tailladait avec une pince à charbon qu’il lui enfonçait dans la chair.

Pendant des années, avec trois épouses successives, cet homme a commis l’effroyable et personne n’a rien fait pour mettre un terme à sa barbarie sadique et criminelle. On a laissé un monstre agir impunément pendant plus de dix ans. Silence de la famille. Silence des voisins. Silence du clergé. Silence de l’école. Silence de la police. Silence des médias.

Cette histoire tragique est parvenue miraculeusement à nos oreilles. Combien de milliers d’autres resteront captives du silence ? Notre passivité collective fait le lit de l'abomination. (6/12/25)