Tannourine

Le ministère de la Santé a ordonné la suspension de la production dans les usines d’eau minérale Tannourine, arguant qu’une bactérie (la Pseudomonas aeruginosa) a été détectée dans certaines bouteilles de la marque. Mais ce qui était une mesure de salubrité publique, fondée sur des tests scientifiques, a pris très vite un tour singulier, quoique peu surprenant quand on observe l’évolution de la société libanaise depuis la guerre civile : les réseaux sociaux se sont emparés de l’affaire pour lui donner une interprétation politique, voire communautaire. Le ministère de la Santé, dirigé par un chiite proche du Hezbollah, chercherait à nuire à une entreprise chrétienne nichée au cœur de Batroun ! Voilà ce qui motiverait la décision du ministère : l’hostilité à l’égard des forces politiques chrétiennes présentes à Tannourine, en particulier les Forces libanaises et les partisans de l’ancien député Boutros Harb !

Pour ne pas s’exposer à ce genre d’accusations, les pouvoirs publics au Liban mettent un point d’honneur à répartir symétriquement leurs aides et leurs sanctions. Ils semblent l’avoir oublié cette fois. Mal leur en prit. Et nous en prit par la même occasion. 

Mon beau-frère m'a dit un jour : 

- Ce qu'il nous faudrait au Liban, c'est un dictateur !

- Chrétien ou musulman ? lui ai-je répondu. Car si c'est un chrétien, les musulmans se soulèveront contre lui, et si c'est un musulman, les chrétiens n'auront de cesse qu'ils ne l'aient renversé. (16/10/25)