Cinq mois après les noces 

C’est une jeune Syrienne de vingt et un ans mariée à un Libanais depuis cinq mois. On l’imagine s’occupant de sa maisonnée, faisant des courses, préparant le repas, appelant ses parents en Syrie. On l’imagine travaillant dans un bureau ou un commerce, attablée dans un restaurant de la montagne avec son mari ou se promenant en sa compagnie sur la corniche au soleil couchant.

Voilà pour les images qui vous viennent à l’esprit quand on vous parle d’une jeune femme de vingt et un ans mariée depuis cinq mois. Mais une photo vient balayer ces scènes heureuses et tranquilles d’une vie de couple à peine commencée : la jeune épouse gît en réalité sur un lit d’hôpital à Hadeth, totalement couverte de pansements sur lesquels court un réseau de tubulures reliées à des drains et des sondes. On devine çà et là quelques morceaux de chair violacée et tuméfiée. La jeune mariée a-t-elle été victime d’un accident de la circulation ? A-t-elle chuté de son balcon en étendant son linge ?... Non, elle a été ébouillantée par son mari avec de l’huile chaude… Elle est brûlée au troisième degré sur une grande partie de son corps, son visage est irréversiblement défiguré, ses chances de survie sont minimes. L’homme, lui, a disparu après les faits. (19/10/25)