Suicide
Cent cinquante personnes ont mis fin à leurs jours au Liban depuis le mois de janvier, un chiffre largement sous-estimé : le suicide est un tabou et nombre de familles dissimulent les véritables causes du décès auprès des autorités civiles comme religieuses. La principale tranche d’âge concernée par les suicides va de 18 à 35 ans, soit des individus jeunes confrontés à des difficultés personnelles aggravées par la situation économique du pays et le chômage qui frappe 40 % de la jeunesse libanaise. Il y a donc un lien direct entre la crise et le nombre élevé de suicides parmi les jeunes.
Sans malice ni mauvais esprit, juste par curiosité, je me suis demandé en lisant cette nouvelle combien de cas de suicide ont été enregistrés parmi les hommes politiques libanais depuis l’Indépendance. En France, on le sait, plusieurs responsables politiques de haut rang se sont donné la mort : Roger Salengro, Pierre Bérégovoy, François Durand de Grossouvre, Jean Germain… Mais quid du Liban ? La réponse est simple : aucun. Sur les centaines d’hommes politiques libanais dont les compromissions et les crimes pourraient leur valoir des crises de conscience susceptibles de déboucher sur des actes désespérés, aucun n’a franchi le pas à ce jour. Soit parce qu’ils n’ont nulle conscience de leur responsabilité dans l’état du pays, soit parce qu’ils en ont conscience sans vouloir le reconnaître, soit, enfin, parce qu’ils sont suffisamment solides pour assumer sans grande souffrance morale leur implication dans le désastre général. (20/10/25)